J’ai relu ce livre récemment, sur un coup de tête (parce que je voyais le Del Socorro en salon juste après). J’en avais gardé un beau souvenir, surtout grâce à la magnifique couverture de l’édition originelle qui reflète parfaitement l’esprit de cette Boudicca (… même si elle tient un bouclier anachronique 😅), mais je me souvenais avoir préféré son premier, Royaume de Vent et de Colères.
À la relecture, le livre m’a transporté. Il est beau, il est puissamment féministe, il est bourré de phrases-perles qui sont souvent à la fois poétiques et percutantes.
Et puis point représentation : une société où hommes et femmes sont à égalité, par évidence ; une héroïne mariée à un homme et qui développe une belle histoire d’amour avec une femme en parallèle ; une société dans laquelle c’est normal d’avoir plusieurs familles (plusieurs conjoint⋅es) ; un personnage secondaire muet ; globalement l’homosexualité est un comportement normal, même si on n’en voit pas beaucoup.
Il y a bien sûr des choses à redire, mais c’est relativement à la marge.
Sur ce : florilège de belles phrases.
« Il n’y a pas de hasard, ni d’autre destin que celui que nous choisissons d’incarner. »
Première phrase du roman.
« Le regret est là, l’excuse au bord de mes lèvres, mais poutant elle s’attarde. Je ne sais pas demander pardon, car on n’apprend pas à parler en étant la fille d’un silence comme mon père. »
Boudicca bornée, incapable de parler, c’est un thème qui revient souvent dans ce livre.
« J’hésite à lui demander pardon tandis que nous nous relevons, puis me ravise. Je n’ai rien fait de mal. »
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« Répéter une phrase, c’est l’affirmer. La prononcer une troisième fois, c’est fermer la monade et sceller les mots que j’y aurais placés pour en faire ma parole. »
Du pouvoir des mots.
« – Et si je n’[ai pas de réponse] ?
– Tu en auras. Parce que tu ne seras que reine, et que seuls les dieux ont le pouvoir de rester silencieux. »
~
« Je n’ai pas ménagé la déesse que j’ai longuement honorée avec tout le zèle que mon cœur pouvait contenir. Les signes qu’elle m’a envoyés en retour m’ont assurée de sa pleine et entière satisfaction. »
… Ça parle de sexe lesbien <3
(… j’avais pas compris à ma première lecture)
« Reine, femme, amante et toujours fille de roi, je suis trop de choses à la fois pour être vraiment moi. »
Ça rime et la première partie est une parfait alexandrin qui fait une belle progression syllabique, j’aime beaucoup.
« Il n’y a pas de hasards. Seulement les choix que nous faisons. »
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« – Tu es donc de ceux qui aiment les femmes à cicatrices.
– Je suis de ceux qui aiment. »
Waouuuh cette phrase est si belle ! Si courte et si forte à la fois.
« jalousie étrange d’une mère pour ses filles, chez qui les destins sont envore infinis, alors qu’il me reste sans doute plus d’échecs à assumer que de victoires à remporter. »
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« La parole est plus forte que le mot gravé. »
Ça me rappelle un ami qui préfère discuter à l’oral que par sms ^^
« Les forgerons savent bien pourtant qu’une lame se durcit davantage à chaque coup de marteau qui la frappe. »
La phrase qui m’avait le plus marqué à ma première lecture, et une jolie métaphore.
« Un homme qui s’en prend à des enfants n’est pas un homme. Juste un animal enragé qu’il faut abattre. »
Il y a tout un discours autour des violences familiales/paternelles dans ce livre (et dans d’autres de Del Socorro comme Du roi je serai l’assassin, d’ailleurs). C’est percutant, sans mauvais jeu de mots.
« Aucun enfant n’est coupable de sa naissance. »
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« je sais le courage qu’il faut pour venir trouver quelqu’un quand les mots vous manquent. »
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« l’insolence de vouloir vivre sans compromis »
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-------« Nous avons le droit à l’erreur, mais pas de rester immobiles sans rien tenter. »